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Acerbitatis Mortis
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25 janvier 2008

Souvenirs de plage

Photo Valérie

http://art17.canalblog.com/

21198728

6 juin 1944 6h15 Omaha beach. J’étais malade dans la péniche de débarquement. Le mal de mer, la trouille la vraie, celle qui paralyse. La plage était là sortant du brouillard. Quand les premiers obus sont tombés, je crois que je me suis pissé dessus. Mon ami henry avait vomi beaucoup plus que son corps devait contenir d’organes. Le bruit était assourdissant, puis d’un coup la porte est tombée.

Seul. Je me suis retrouvé instantanément seul et sourd au milieu d’un bateau rempli de cadavres tous déchiquetés par une bombe. Protégé que j’étais par les restes du corps d’henry. C’est la panique qui m’a obligé à me ruer à l’extérieur. enjambant mes camarades comme un fou qu’à cet instant je devais être. Un fou en enfer.

Je suis tombé à l’eau, j’ai coulé instantanément, quand mes pieds ont touché le sable, je voyais au dessus de moi ce halo lumineux au travers de l’eau ; ce halo de lumière et donc d’oxygène. Tel un scaphandrier pas après pas je remontais la pente. La lumière était plus proche, l’eau plus rouge . c’est entre deux cadavres mutilés que j’émergeais. respirant à plein poumons cet air saturé de l’odeur du sang et de la poudre.

Lentement je sortais de cette tombe liquide. J’avais retrouvé le sens de l’ouïe, et les hurlements des blessés m’étaient insupportables.

C’est à ce moment que je les ai vu ces deux cavaliers. Arrivant tranquillement, au trot au milieu des morts, traversant les barbelés sans même sans soucier. A mon niveau se sont arrêtés, m’ont poliment salué puis ont repris leur promenade sur la plage. Je les regardais s’éloigner sur une grève dégagée et claire comme un matin de vacances. L’enfer à ma gauche, le paradis à ma droite. Mais à travers leurs silhouettes je pouvais voir la falaise.

Là j’ai compris que je ne mourrais pas ici. Non, ni là ni maintenant. Alors j’ai marché droit vers le pied de cette falaise où s’abritaient mes camarades de l’horreur. Et j’ai ensuite marché bravant la mort, d’Omaha beach jusqu’au nid d’aigle de Berchtesgaden, couvrant ma poitrine de médailles et de galons.

Je reviens régulièrement tous les trois ans sur cette plage. Le temps n’efface pas le cauchemar

Si je griffonne ces quelques lignes à la hâte sur un bout de papier, c’est qu’aujourd’hui, je les ai revu, les cavaliers. Sur cette belle plage ensoleillée. Se sont arrêtés m’ont salué je sais maintenant que je vais mourir là. Je ne retournerai pas chez moi. Pas cette fois.

Lettre trouvée à côté du corps d’un touriste américain. Arthur Obson. Le commandant Obson qui débarqua sur la plage où il vient de mourir le 06 juin 2007.

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