Photo ISIS
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Inattendu et insolite en ce lieu, le portail était vieux, rouillé, entrouvert. Un portail seul, sans clôture, au milieu d’un bois, fiché dans le sol comme tombé de la lune. Je décidais de le franchir.
Je n’ai pas tout de suite pris conscience du vertige qui m’envahissait. Quand les arbres autour de moi se sont estompés pour ouvrir ma vue sur un horizon noir et étoilé, je me suis senti tomber dans l’infini; comme aspiré par un vide, un vide qui me portait.
Je marchais ou plutôt, je flottais en marchant sur un sol inexistant. Tout était étrange, j’étais dans un ciel de nuit. Emerveillé par tant de beauté, je n’ai pas vu arriver ces sombres créatures qui se confondaient avec ce paysage crépusculaire. Les premier frôlements me firent l’impression de traverser une géante toile d’araignée. La beauté de ce lieu magnifique se changea bien vite en cauchemar car je compris très vite, à la première morsure, être la proie d’une partie de chasse.
Je distinguais au dernier moment leurs petits yeux jaunes et blancs. Elles me semblaient nombreuses. Les terribles douleurs au sommet de mon crâne ne pouvaient qu’être faites par des créatures ailées. Le sang brouillait ma vue, je distinguais à peine ce petit point lumineux, loin trop loin. Ce portail maudit posé là comme un appât. Elles ne m’auront pas , pas moi.
Je me suis débattu, faisant tourner ma chemise au dessus de ma tête, leurs griffes me lasseraient le dos à chaque passage de cet essaim mortel. Il était là maintenant je pouvais voir les arbres, la lumière. Encore un effort un dernier. quelques mètres. Encore un effort.
Les rapports des experts stipulent que les trous dans ma chair ont été fait par des mâchoires acérées d’animaux inconnus. Une dent restée fichée dans mon omoplate est aujourd’hui exposée au musée de Brumevaire à côté des photo de mon corps mutilé.
De nombreuses battues organisées dans la forêt n’ont jamais permis de retrouver ni le portail ni aucun animal inconnu.
Je sais moi, que des êtres chassent l’humain comme nous le faisons avec les poissons. Des êtres qui utilisent notre curiosité pour nous attraper et nous dévorer.
Promeneurs méfiez vous des portail vieux, rouillés, entrouverts, des portails seuls, sans clôture, au milieu d’un bois, fiché dans le sol comme tombés de la lune